Recherche humide !

 Récit d'une recherche effectuée en octobre 2012 par notre collègue Alain Le Gouezigou et sa chienne Dixie.

 

Samedi matin, il pleut, comme une partie de la nuit dernière, 11 h 30 coup de téléphone du délégué départemental :

 "-J'ai un appel pour un cerf blessé à quelques kilomètres de chez toi, es-tu disponible pour y aller ?

-Oui, je peux

-Ok, tu rappelles le président et tu vois ça avec lui, bon courage !!! "

 

J'appelle suite à ces infos, le rendez-vous est pris pour 13h30 au local de l'ACCA.

Mes affaires sont chargées rapidement dans le 4x4 et le repas pris fébrilement, je sais que malgrès les informations recueillies, la recherche risque de ne pas être facile. Le territoire où elle va s'effectuée est peu chassé et il risque d'y avoir des cervidés mais aussi des sangliers en nombre conséquent.

La pluie qui ne cesse de tomber ne va pas arranger la situation.

13 h 15, je suis sur la route, je reçois un appel de P. qui m’annonce qu'ils ont fait un autre bois et ont trouvé des biches et des faons, la traque n'est pas finie, il aura du retard et me demande de les rejoindre où a lieu l'action de chasse. J'arrive sur place, une biche est morte et les autres animaux ont été loupés et sont partis. La fin de chasse est sonnée, les chiens sont ramenés aux véhicules et le retour s'effectue vers le rendez-vous de chasse. Là, nous retrouvons un des chasseurs qui connaît bien la propriété où le cerf s'est réfugié. Le propriétaire à donné son autorisation mais demande qu'il n'y ait pas grand monde ce qui m'arrange car souvent, nombreux sont les suiveurs au départ et ensuite on ne sait pas où ils sont, ce qui peut être dangereux lorsque l'animal est relevé et tiré.

Ils ne seront donc que deux à me suivre, P. et la personne qui connaît bien le territoire. Nous décidons de débuter la recherche là où le cerf est supposé avoir regagné la berge, ce qui nous évite de traverser la rivière qui en raison des pluies de ces derniers jours, est relativement haute.

Nous laissons nos véhicules et rejoignons le bord de rivière en silence. Lors de la traversée d'un boqueteau, nous voyons une biche et son faon descendre le coteau et se diriger vers les marais qui bordent la rivière. A notre arrivée au bord de l'eau nous trouvons une flaque de sang conséquente, quelques ronces retournées avec d'autres traces de sang. Je fais sentir ces indices à Dixie qui s'élance rapidement sur une vingtaine de mètres puis semble éprouver quelques difficultés, la chienne fait ses arrières plusieurs fois, il n'y a plus d'indices. Elle réussit cependant à trouver la sortie de l'animal qui est parti de ce marais pour traverser une prairie et rentrer dans un bois pentu, nous ne retrouvons que peu d'indices et devons lui faire confiance. Nous gravissons le coteau et arrivons sur le chemin à proximité d'où sont partis la biche et le faon lors de notre arrivée. Une fois ce chemin traversé, la chienne semble sûre d'elle et suit parfaitement la voie de l'animal jusqu'à une reposée à proximité d'un arbre mort. A partir de ce moment, la chienne change de comportement, ne cesse de relever la tête et s'énerve. Pour moi c'est clair, l'animal s'est relevé avant notre arrivée et fuit devant nous. Nous nous dirigeons vers une lisière du bois, sortons en plaine et là P. reçoit l'appel téléphonique d'une personne qui  est venu observer en bordure de cette chasse et qui a une vue sur 3 faces du bois. Il a vu sortir du côté où nous nous trouvons un cerf, une biche et un faon. Le cerf ne correspond pas à celui recherché, il a ses quatre aplombs et des bois plus grands. Suite à ces informations, nous repartons en arrière et faisons la bordure intérieure du bois sans trouver de traces de sang. Le téléphone sonne et on nous annonce que c'est maintenant une harde de six biches et faons qui viennent de sortir. Nous repartons en arrière et retrouvons à nouveaux des traces de sang que la chienne suit. L'animal a du aller chercher le change avec les autres animaux car après maintes détours et doubles, il se décide à redescendre vers la rivière par là où il est passé avant qu'on ne le relève. La chienne nous remmène dans le marais du départ qui est rapidement traversé pour débucher dans une prairie en parallèle à la rivière. Nous n'avons plus d'indices jusqu'à une clôture qui borde un second marais boisé. A cette clôture, nous retrouvons un morceau de chair accroché.

Un ouf ! de soulagement est poussé. L'animal semble être passé dans les grandes flaques d'eau qui sont présentes ce qui ne facilite pas le travail de Dixie qui ne cesse de boucler ses arrières. A un moment nous retrouvons une emprunte qui semble très récente, la chienne semble s'y intéresser et à notre grand soulagement, nous retrouvons des gouttes de sang qui sont fraîches. Nous arrivons au bord du marais, l'animal n'a pas voulu en sortir. Il a refusé de sauter un large fossé, a tourné à l'équerre et s'est dirigé vers la rivière. Soudain, nous entendons du bruit à une dizaine de mètres devant nous et voyons l'animal se jeter dans la rivière et la traverser.
A ce moment, P. vient à ma hauteur et tire l'animal d'un coup de fusil au moment où celui-ci sort de l'eau. Je vois bien l'impacte au niveau des reins mais le cerf poursuit sa fuite et il le retire au niveau de l'épaule. Nous voyons l'animal s’enfuir  au pas et disparaître de l'autre côté de la rivière. Il nous faut traverser également mais pas ici, il y a trop d'eau. P. décide donc de traverser à l’emplacement où le cerf était passé le matin car il y a un guet en cet endroit. Il rappelle deux personnes auxquelles il avait demandé de surveiller les bois bordant la rivière au cas où l'animal serait revenu en arrière. Nous arrivons au guet, je commence à franchir celui-ci avec Dixie dans les bras, mais le courant m'emporte vers une fosse et je suis contraint de lâcher la chienne qui se dirige vers la rive opposée. Je suis obligé de nager et ressors de l'eau à ses côtés. P. ne souhaite pas prendre son bain et décide de retourner  à son véhicule et de contourner la rivière par le pont du bourg. J'attends un peu que les deux personnes arrivent à moi, je n'ai pas d'arme et bien que je sois quasiment sûr de retrouver l'animal mort, je préfère avoir un tireur avec moi de manière à éviter une poursuite. Ce sont J. et son fils S. qui arrivent le sourire aux lèvres en me voyant dégoulinant de la tête au pied et me demandent où se trouve le cerf. Je leur explique la situation et nous nous dirigeons vers l'endroit où l'animal a traversé la rivière la seconde fois. Je demande à J. de charger son fusil et de me suivre de prêt. Nous retrouvons l'endroit, la chienne nous emmène une centaine de mètres plus loin et là, nous trouvons le dix corps gisant dans une grande flaque d'eau. La chienne lui saute sur le dos, je confie ma longe à S. et en profite pour daguer l'animal rapidement.

Nous avons attendu quelques minutes P. est arrivé avec d'autres chasseurs et le bracelet de l'animal.

Ils ont pu ramener le cerf au rendez-vous, où il a pu être pesé (146 kg). Il avait bien la patte arrière gauche cassée juste en dessous du cuissot. Après avoir changé de vêtements et raconté les péripéties de cette recherche, j'ai quitté les chasseurs de cette ACCA. La recherche a duré plus de deux heures et nous avons effectué plus de 4kms dans un périmètre restreint. Ce cerf a vraiment tout tenté, change, double, pour nous éloigner de lui et sans la ténacité de Dixie, il me semble que nous n'y serions pas arrivés.

 

A ma grande surprise j'ai appris quelques jours plus tard que la recherche n'avait
été « qu'une formalité » et que l'animal n'était pas allé loin....



07/11/2012
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